Quand les phallos déconnent au bistrot du quartier,
Qu'ils ont laissé Bobonne gentiment au foyer,
Ils se parlent de cul, racistes et méprisants,
Tous ces petits faux-culs se prennent pour des tarzans.
Et après leur boulot, ils s'en vont boire un coup,
Et en gentils maquereaux se racontent le coup,
Le coup qu'ils ont tiré avec la femme du maire,
La fille de l'épicier, la belle-mère du notaire.
Qu'ils soient gras du bidon ou bien syphilitiques,
Ils sont tous les champions de l'amour gymnastique.
Baiseurs de première dosse, sans complexe et sans gant,
Les femmes qu'ils enlacent, s'emmerdent jusqu'aux dents.
La couperose au visage, le phallus à la main,
Ils lorgnent les corsages, jouant aux petits chiens.
Prête-moi ton cul mignonne, astique-moi le baigneur,
Car les histoires cochonnes sont toujours les meilleures.
Et puis y'a les nanas, gavées de magazine,
Qui draguent avec copines, les futurs Iglésias,
Et puis y'a les mamans qui apprennent à fifille,
Comment qu'on se maquille pour s'payer un amant.
Un amant tellement beau que dame jalousie,
Taquine les voisines qui jasent dons le dos.
Dans le dos de mémé qui se fait des peintures
Sur toute la figure pour plaire au boulanger
Au boulanger du coin qui lui pose des ventouses,
Pour s'acheter une R12 et ne plus faire son pain.
Son pain qui n'se vend plus depuis qu'sa femme se vend
Pour s'payer des diamants, des robes et des fourrures,
Pour plaire au commissaire, cet ancien légionnaire,
Assis entre deux guerres, beau comme un revolver,
Un revolver tout neuf, qui tire sans dégainer.
De quoi faire rêvasser les vaches et puis les boeufs,
Les vaches qui font hi han ! les boeufs qui font ouah ouah !
L'homme est intelligent quand il ne le sait pas.
Quand les phallos déconnent au bistrot du quartier,
Qu'ils ont laissé Bombonne gentiment au foyer,
Ils se parlent de cul, racistes et méprisants,
Tous ces petits faux-culs se prennent pour des tarzans.
Pour finir ma chanson,
Ça je tiens à le dire,
Rien ne peut être pire
Que les connes et les cons.
J'me suis traîné au vent d'été, au vent d'hiver,
J'me suis traîné de ville en ville, de guerre en guerre.
Y'a-t-il quelqu'un, un seul ami qui me comprend,
Y'a-t-il quelqu'un, un seul ami, un seul enfant ?
J'me suis traîné au jour le jour comme un poète.
J'me suis usé au jeu du drame et de la fête.
Y'a-t-il des riches qui s'imaginent la pauvreté ?
Y'a-t-il un rêve qui ne soit pas de liberté ?
Chaque village est un pays où j'ai couru.
Et partout les mêmes guenilles, les mêmes rues.
J'me suis traîné au vent d'été, au vent d'automne.
Et partout les mêmes injustices entre les hommes.
J'me suis traîné de ville en ville, de peur en peur.
J'me suis traîné comme un vaurien, comme un grand coeur.
Mais si la vie a sa chanson, moi j'ai la mienne.
Avec passion il faut aimer les chiens, les chiennes.
J'me suis traîné avec ma voix et mes sourires,
Aux quatre coins de cette boule qui va mourir.
Je ne sais pas où va le monde, où va la vie.
Je ne sais pas ce qu'est l'enfer, le paradis.
Je t'ai aimé, toi mon soleil, toi mon amour,
J'me suis traîné comme un mendiant au fil des jours.
J'ai découvert dans chaque enfant un univers.
Et dans les yeux de chaque amour une lumière.
Il faut aimer, il faut semer aux quatre vents,
Il faut donner, l'espoir vaut bien mieux que l'argent.
Un criminel a le droit de tendre la main,
Chaque rencontre est une fleur sur le chemin.
J'me suis traîné de long en large et en travers,
J'ai caressé le ventre rond de l'univers,
J'ai vu les gens soi-disant bons, les insociables,
J'ai embrassé chaque détresse, le bien, le diable.
J'me suis traîné au vent d'été, au vent d'hiver,
J'me suis traîné dans la richesse, dans la misère.
Si l'on te parle un jour de moi, mon tout petit,
Sache que je n'ai pas de toit, pas de pays.
J'me suis traîné de ville en ville, de guerre en guerre,
J'me suis traîné jusqu'au doux ventre de ta mère.
Y'a-t-il quelqu'un, oh mon enfant, oh mon amour,
Y'a-t-il quelqu'un qui pense encore à mon retour.
Les rues sont désertes et les gens sont muets
Et le coeur des enfants sanglote en rêvant
L'ennui peu à peu envahi nos âmes.
II est aussi dur d'être un homme qu'une femme
Puisque nos amours distillent la faiblesse
Et que nos mariages ont des relents d'église
Puisque le monde adulte refuse la tendresse
Puisque nos coeurs sont sourds et nos nerfs sont en crise
Je pars, ami je pars !
Chevalier errant au hasard
D'une rencontre, d'un sourire
Ou d'un regard.
Ermite sans croix
Prophète sans prophétie
Père Noël d'espoir
J'enfante la folie !
Les gens déambulent meurtris de solitude
Chaque jour qui passe est un jour sans passion
Malgré leur confort et toutes leurs habitudes
Chaque jour qui passe est un jour en prison
Ils traînent leurs chaînes résignés et sans vie
Ceux qui luttent encore sont traités de pauvres fous
Pourquoi suis-je né, dites moi qui je suis ?
Et mourir d'espérer, mais le monde s'en fout, s'en fout!
Je pars, ami je pars !
Chevalier errant au hasard
D'une rencontre, d'un sourire
Ou d'un regard.
Ermite sans croix
Prophète sans prophétie
Père Noël d'espoir
J'enfante la folie!
Qu'il est doux de vivre fou
Même s'ils ont peur de toi
Qu'il est doux de vivre doux
Même si cela ne se fait pas
Même si cela ne se fait pas.
Les enfants de l'espoir nous crient qu'il faut y croire
La vie ne se vit pas ivre mort au comptoir
Et nos rêves parfois deviennent réalité
Et à force d'y croire on finit par gagner.
Elle porte en elle ce qui est nous
Elle est musique, elle est partout
Elle nous réinvente la vie
Elle fait le jour quand il fait nuit (bis)
Elle est la voix, elle est le cri
Elle dit ce que l'on a pas dit
Et quand elle révolte les mots
Toute la chanson, libre, nous, pauvres (bis)
Elle ne prend pas de raccourci
Elle dit la vie comme elle la vit
Elle bluese l'âme des paumés
Elle démenotte les sans-papiers (bis)
Elle est tendresse, elle est colère
Elle bouge le cul des grabataires
Quand elle se fâche, c'est pour de bon
Mais elle tendresse tous nos frissons (bis)
Comprenez-là, merde, à vos bancs
Merde aux pourris qui se disent grands
Elle est du côté du plus petit
Ses mots sont plus forts que leurs fusils (bis)
Elle est en nous, on la quitte plus
D'ailleurs tous ceux qui l'ont connu
Parlent d'elle avec passion,
Tant pis pour la télévision (bis)
Elle décensure toutes les censures
Elle fait se lever tous les cœurs purs
Son cri puissant réveille en nous
Tous les combats jusqu'aux plus fous
Tous les combats même les plus fous
Le temps sans âge croit en son courage
Vos chansons sont de mes voyages
Mon rêve s'est réalisé
J'ose vous écrire, j'ose vous parler (bis)
Et qu'importe ce qu'il adviendra
Eternellement elle chantera
Avec tendresse, parole d'ami
On vous salue, Colette Magny (bis)
Un soir de novembre, Théâtre du Merlan
Marseille en gris, Marseille en blanc
Malgré nos joies, malgré nos drames
Pour saluer une grande dame
Tous les grands mots ne suffisent pas (bis)
Il fallait marcher, faire ces pas
Je voudrais ta tête sur mon épaule,
Je voudrais te serrer contre moi,
Ne plus jouer quitter le rôle,
Pour te connaître devenir toi.
Je voudrais traverser la terre,
Tenir ta main et la serrer,
Foutre en l'air toutes les frontières
Qui nous empêchent de nous toucher,
Je voudrais te parler sans cesse,
Pour mieux t'entendre, t'écouter
Réhabiter à ton adresse,
Ne plus jamais te voir pleurer.
Je voudrais toute la tendresse,
Tous les frissons te les donner,
Faire partie de toutes tes détresses
Celles que tu as gardé cachées,
Je voudrais les mots pour te dire,
Une symphonie un opéra,
En des milliards d'éclats de rire,
Te redonner un peu de joie.
Je voudrais faire le pitre,
Un musical à moi tout seul,
Ecrire un livre sans chapitre,
Avec toi me soûler la gueule.
Je voudrais qu'on tombe dans la boue,
Que l'on s'enlace comme des enfants,
Qui en ont marre d'être debout,
De dire merci à leurs parents.
Je voudrais faire le con à la messe,
Tirer le diable par la queue,
Et dire des mensonges à confesse
Et me refoutre du bon Dieu.
Je voudrais arrêter les heures
Et redevenir tout petit,
Je voudrais toute la chaleur
Et rester toujours ton ami.
Je pourrais réchauffer l'hiver,
Marier l'automne et le printemps
Et monter dans ta montgolfière,
S'envoler jusqu'au firmament.
Je voudrais que tu sois Don Quichotte,
Je te suivrais comme Sancho,
Preux chevalier chausser tes bottes
Pour voir le Kilimandjaro.
Alors on traverserait la plaine,
Jusqu'à épuiser nos chevaux
Et tu deviendrais capitaine
Sur le plus joli des bateaux.
Je voudrais des fées, des sorcières
Et des dragons crachant le feu,
Vivre enfin toutes nos chimères
Et ne jamais devenir vieux.
Je voudrais le mal qui te fait mal,
Le prendre en moi pour le détruire,
Ne plus jamais te voir souffrir.
J'ai des sanglots qui me frissonnent,
Je veux pas être fort, je veux pleurer,
Je veux pleurer comme personne,
Pour que tu puisses me consoler.
Je voudrais devenir ton gavroche,
Guetter tes pas comme un bonheur
Je voudrais redevenir ton mioche
Et t'appeler parce que j'ai peur
Papa je veux pas que tu meures.
Je te revois dans la cuisine silencieux et bougon,
Boire ton café, fumer tranquille,
Transistor et informations,
Tu te levais comme tant d'autres,
Cinq heures du mat et sans frisson,
Chaque matin comme les autres
Tu te lavais sans illusion.
Je te revois dans le couloir
Mettre ta veste et ton béret,
Ouvrir la porte et tous les soirs
Fatigué tu nous revenais,
J'entends encore ta mobylette,
L'hiver brouillard et puis l'été
Tes pas résonnent dans ma tête,
Je t'ai toujours vu te lever.
Je t'imaginais à l'usine,
Blotti dans tes arrière-pensées,
Au nom de ceux qui nous dominent,
Tu t'es abîmé la santé.
Tu as vécu en solitude,
Tu nous as dit si peu de mots,
Et toutes ces putains d'habitudes,
Qui te faisaient courber le dos.
Toutes ces heures sans importance,
Qui font la vie des petites gens,
Tous ces lundis, tous ces dimanches,
Tous ces mariages, ces enterrements,
Tu as trinqué au quotidien,
Au jour foutu, au jour meilleur,
Même si ta vie ne sert à rien,
Elle est ma force et ma grandeur.
Tu as trimé mon petit père,
Tu as souffert bien plus que moi,
Je suis ton fils et j'en suis fier,
Oh non I je ne t'oublierai pas,
Je cherche encore pour te décrire,
Je cherche au ciel de mes pensées,
Quelques images des souvenirs,
Je cherche encore à te parler.
Qui étais-tu soleil dans l'ombre
Paysage de mon enfance,
Ton doux regard parfois si sombre,
Dis-moi Papa à quoi tu penses.
J'ai des sanglots qui me reviennent,
Tu sais Papa, je t'aimais bien,
Et ces sanglots quant ils me viennent,
Ce sont des cris de petit chien.
On comprend mal quand on est môme,
Pourquoi le Père rentre trop tard,
On se bat contre le fantôme
D'un homme qui cache son cafard.
Je voudrais monter sur une montagne,
Parler aux arbres, cracher au ciel,
Je voudrais revoir ta Bretagne
Et m'endormir à côté d'elle.
Je voudrais foutre le feu aux usines,
Car elles t'ont déchiré la peau
Hurler cette guerre d'Indochine
Qui a blessé tes yeux si beaux
Papa je veux pas que tu meures !
Je voudrais changer le monde, le monde entier,
Que les gens comme toi on les respecte,
Combien sont-ils à travailler
Pour quelques-uns qui font la fête,
Je voudrais te voir heureux,
Te voir faire la grasse matinée,
Je voudrais qu'au fond de tes yeux
Renaissent tes belles journées.
Tu sais Papa je t'ai souvent regardé
Et sans rien te dire,
Je voulais t'aider,
Mais il faut grandir.
Je t'ai craché à la figure
Des mots d'adolescent perdu,
Tu sais Papa je te le jure,
Tous ces mots-là ont disparu,
je veux pas que tu meures.
Tu étais seul toute ta vie,
Les enfants, les devoirs,
Les fins de mois, tous les soucis,
La Mère souvent qui en a marre.
Les déménagements
Les engueulades et le désespoir
Tous les après licenciements
Une autre place et puis l'espoir,
Mais toi tu t'étais mis à boire
Comme pour aborder quelque part,
Comme pour aborder quelque part
Papa je veux pas que tu meures,
Je veux pas que tu meures
Pourtant il y eut tellement de joie,
Ds jours à faire péter la terre,
Des jours à réveiller les gens,
A déterrer les cimetières,
Tout me revient; mes frères, mes soeurs,
Et toi jouant de l'harmonica,
On te disait "vas-y Papa",
Tu nous jouais "le dénicheur",
C'était ça le bonheur !
Je me souviens c'était Noël
Et tu décorais le sapin,
On aurait dit un arc-en-ciel
Qui s'était posé sur tes mains,
Ah ! l'harmonica,
I nous faisait faire le tour du monde
Avec des histoires de marin,
On apprenait que la terre est ronde,
On se baladait dans tes embruns,
C'était ça le bonheur !
Tu soufflais dans l'harmonica
Et ma mère valsait sur la table
Le petit vin blanc, la Paloma
Et d'Amsterdam à ta Bretagne
On voyageait sans un centime,
On frissonnait en roses blanches
On s'étoilait en puits de Chine,
C'était tous les jours dimanche,
Ah ! le bonheur,
Tu sais Papa quand la vie me fragile,
Je pense à ton harmonica,
Je veux pas que tu meures !
Et face à la mort comme des dingues,
On va chanter, on sera bien,
Tu craches au cul de ton cancer
Il n'est pas fini ton chemin.
Face à la mort mon petit Père,
Faut te lever comme un matin.
Je veux pas que tu meures !
Faites silence s'il vous plaît,
Pas de cimetière, pas de curé,
Mon Père la mort il la déchire
Et tant pis pour les chrysantèmes,
Les croque-morts n'ont rien à dire,
L'harmonica va rechanter,
Je veux pas que tu meures !
Allez lève-toi mon petit Père,
Je veux te serrer contre moi,
Je veux serrer le monde entier,
Je t'en supplie ne t'en va pas,
J'ai tant besoin de te parler,
Je veux ta vie comme elle est,
Ne rien changer dans la maison,
J'accroche à mon coeur ton portrait,
Je redeviens petit garçon,
Je voudrais pour toi toutes les étoiles
Je voudrais pouvoir te câliner,
Je voudrais plus que tu sois mal,
Je voudrais avoir le droit de t'aimer,
C'est con la vie comme tu disais,
La tienne s'en va vers quel pays,
La tienne tu vois moi j'y tenais,
Je voudrais la garder ici
Papa je veux pas que tu meures,
Je veux pas.
Et ton voyage solitude
Te conduit jusqu'à l'hôpital,
Pour toi la vie redevient rude
Pourtant tu n'as rien fait de mal,
La maladie bouffe ta gorge,
Tu affrontes l'opération,
Restent tes yeux qui interrogent
Je te regarde plein d'émotion,
Ça me fait chialer, ça me fait mal,
Je voudrais gueuler des mots banals
Que l'on crie quand on a mal,
Tu as jeté tes cigarettes,
Tu n'avaleras plus de fumée,
Tu regardes par la fenêtre,
Tu te recroquevilles dans tes pensées.
Tes mots s'éteignent devant nous,
Tu ne joueras plus d'harmonica
Pourtant tu resteras debout.
Faut pas que tu meures ! Faut pas.
Et tu m'écris sur ton ardoise,
C'est les dimanches qui sont longs
Et peu à peu tu apprivoises
Les nuits qui viennent les jours qui vont.
Dans cette chambre d'hôpital
Je repense à toute ta vie,
Tu te bats seul ça me fait mal ;
Je quitte l'hôpital le ciel est gris.
J'aimerais briser ton silence,
Te couvrir d'étoiles de mer,
Fermer la porte de ta chambre,
Que tu fasses l'amour à ma Mère.
Je veux pas que tu meures !
Je voudrais vous regarder danser
Champagniser tous vos regrets,
Je voudrais que tu puisses parler
Pour que l'on sache qui tu étais !
Je veux pas que tu meures !
Je voudrais réveiller les voisins
Et faire la fête jusqu'à tomber,
Je voudrais tes histoires de marins,
Dans tes embruns revoyager.
Je voudrais ta tête sur mon épaule,
Je voudrais te serrer contre moi.
Je veux pas que tu meures !
Je ne veux pas !
Parce que je t'aime !
Je sais que tu m'écoutes, je sais que tu m'entends,
Je sais c'est pas facile de se taire si souvent,
Et malgré tes silences, compagnon de fourrière,
Je sais à quoi tu penses, mon frère.
Nos espoirs mis en cage, nos idées au parking,
Notre résignation à genoux sur le ring,
Notre sécurité, nos peurs et nos sanglots,
Notre vivre à moitié, notre soleil à l'eau.
Nous sommes des milliers, nous serons des milliards,
Fatigués, entassés dans le même corbillard,
Criant "chacun pour soi" et piétinant les autres,
L'argent, ce vieux bourgeois se conduit en apôtre.
Nous sommes trahis par nous, notre coeur en silence,
Nos révoltes à l'égout et nos intolérances,
De discours en discours l'imbécile impotent,
Ameute la basse-cour et se croit important.
Nous acceptons, nous plions, nous sommes démunis,
Notre fausse opinion devient un alibi,
Au son de vieilles idées, l'avenir nous baptise,
Nos nerfs sont fatigués et nos luttes se brisent.
Pauvre révolution, car tout est comme avant,
Le travail au patron et les marches en avant,
Siècle du capital, la vie se paye comptant,
Nous sommes misérables mais nous faisons semblant.
Crier, pleurer, rire à mourir de joie,
Ou se taire simplement, vivre chacun pour soi,
Faut-il cacher en soi l'espoir des retrouvailles,
Sortir une dernière fois les fusils de la paille.
Compagnons de fourrière, ami de toutes les peines,
Nous gueulerons l'amour, nous briserons nos chaînes,
Au ciel de nos douleurs, tendresses emprisonnées,
Rien n'a plus de valeur que notre liberté.
Si tu veux.
Tous les soirs à cinq heures
Elle retrouvait un drôle de type appelé « Clodo »
Un type étrange venu d'ailleurs
Qui vivotait dans ses mégots
Ses cinquante ans à lui avaient posé tous le décor
Il se foutait du jour des gens
Il n'aimait que la nuit
Il vivait sans histoires
D'ailleurs sa vie n'se raconte pas
Elle ferait rougir, tous les anars
Qui vivent dans les quartiers les plus bourgeois
Il n'avait rien à dire
Et ses silences comme des sanglots
Faisaient rythmer à l'infini
L'accordéon et son tango
Mon pauvre amour
Dis-moi, dis-moi jusqu'à la honte
Dis-moi ta vie toujours
Moi, dis-moi la que j'la raconte
Elle était belle comme une gamine et ses seize ans
Elle était celle au fond de la mine
Qui fait rêver les gueules cassées
Elle aimait trop, il le savait
Mais s'en moquait tout le temps
Mais dans son cœur elle était celle
Qui caressait toutes ses pensées
Il l'aimait comme sa fille
Ta fille à toi que tu vois pas
Quand elle pleure et qu'elle veut
Qu'elle veut se serrer dans tes bras
Te dire des mots, te dire des mots
Qui ne se disent pas
Et foutre enfin sur l'échafaud
Ce pauvre con qui s'dit papa
Mon pauvre amour
Dis-moi, dis-moi jusqu'à la honte
Dis-moi ta vie toujours
Redis moi la que j'la raconte
Toutes les nuits il récupérait des cartons
C'était pour peindre en symphonie
Cette gamine et son prénom
Il la peignait sans pinceau
Avec ses doigts, avec sa vie
Et ses peintures, il les jetait
Au fleuve engourdi
Et le fleuve les emportaient loin d'la ville
Mon pauvre amour
Dis-moi, dis-moi jusqu'à la honte
Dis-moi ta vie toujours
Redis moi la que j'la raconte
Elle lui disait je t'en supplie, je t'en supplie
Arrête de te détruire redeviens normal
Il écoutait mais il était à l'agonie
Il se marrait, mais il avait encore plus mal
Quitte ce pont et tes angoisses
J't'aimerai toujours, viens avec moi
Rive d'en face
Mon pauvre amour
Dis-moi, dis-moi jusqu'à la honte
Dis-moi ta vie toujours
Redis moi la que j'la raconte
Elle est partie, elle a grandi
Très loin de lui
Peut-être est elle mariée aujourd'hui
Fille de joie, aventurière ou comédie
Morte au bout de sa nuit
Elle est partie rive d'en face
A-t-elle compris le temps qui passe
Mon pauvre amour
Dis-moi, dis-moi jusqu'à la honte
Dis-moi ta vie toujours
Redis moi la que j'la raconte
Une petite fille sur un banc parle au vent.
Ses cheveux font des vrilles et ses yeux sont des diamants,
Elle se chantonne une douce chanson,
Une chanson d'automne pleine de frissons.
Voilà qu'elle me regarde et mon coeur se fend,
Oh mon coeur prend bien garde ce n'est qu'une enfant,
Son regard si sauvage me fait baisser le mien,
Je me sens mis en cage mais je n'y peux rien.
Le vent dans les feuillages murmure doucement,
Des millions de présages qui glacent mon sang,
En moi tout se transforme, je sens trembler mes mains,
Je ne suis qu'un pauvre homme, je ne suis qu'un humain.
Tu sais petite fille la rondeur de tes seins
Et ton regard docile qui s'empare du mien
Sont un doux sacrilège pour mon coeur dénudé,
Je me sens pris, au piège, tu es apprivoisée.
Tu souris, tu me parles et ça me fait du bien,
Tu es comme un étoile, tu éclaires mon chemin.
Et je pleure de tendresse, la douceur de ta voix
Apaise ma détresse et mon coeur a moins froid.
Tu sais petite fille, rien qu'à te regarder,
Je découvre la vie et le droit d'être aimé.
Je ne suis qu'un pauvre homme, écrasé par les siens,
Je ne suis qu'un pauvre homme, je ne suis qu'un humain.
Et c'est le monde adulte qui sépare nos mains,
Ta mère qui m'insulte, elle n'y comprend rien.
Menace de gendarme, monde sans poésie.
Tu pars petite femme et j'entre dans l'oubli.
Tes cheveux qui s'éloignent, rêves assassinés,
Je regagne le bagne où je suis enfermé.
Etrange solitude qui m'envahit soudain,
La vie redevient rude, éternel, éternel quotidien.
Une petite fille sur un banc parle au vent.
Je t'ai vue souffrir d'amour
Pour que l'enfant en ton ventre
Voie enfin briller le jour
Que de tendresse il t'éventre
J'ai vu sa petite tête
Émerger de ton corps chaud
De toute une vie de poète
Rien ne peut être aussi beau.
Quand tu l'as eu contre toi
Ton bonheur l'a caressé
De toute une vie de roi
Rien n'est plus grand qu'être né
Il avait ses petits poings
Tout serrés contre son cœur
De toute une vie de saint
Rien n'a autant de douceur.
Il murmura à la vie
Le monde d'où il venait
De toute une vie de génie
Rien ne peut être aussi vrai
Blotti comme une mésange
Quand il a tété ton sein
De toute une vie d'archange
Rien ne peut faire tant de bien.
Et quand il s'est endormi
Dans la chaleur de ses langes
D'une vie de paradis
Rien ne vaut cette louange
Tu veillais comme une biche
Protégeant son petit faon
De toute une vie de riche
Rien ne fut aussi troublant.
Ma compagne, mon toujours
Toi que j'aime d'innocence
De toute une vie d'amour
Rien n'égale la naissance
Ma compagne, mon toujours
Toi que j'aime d'innocence
De toute une vie d'amour
Rien n'égale la naissance (bis)
Tu t'appelles jeunesse
Tous ces papiers à terre
Cette odeur de tendresse
Ces vagues sur la mer
Ces rires qui se font larmes
Ces enfants réunis
Le temps qui rend les armes
Cette longue et douce nuit
Mes mots qui postillonnent
Mes amours, mes idées
Mes printemps, mes automnes
Mes saisons avortées
Et je retiens mon souffle
Pourquoi suis-je troublé
Une voix qui me souffle
Veux-tu prendre du thé
Nomad'Café
Ça m'fait du mal de vous quitter
Comme c'est beau la jeunesse
Quand elle est rassemblée
Vibrante de caresses
Pleine de vérité
Je recule mon âge
De mes jeunes années
Je recolle les pages
Qui s'étaient déchirées
Mes amis qui musiquent
Pour mieux m'accompagner
L'accordéon qui gicle
Des notes d'amitié
Et puis ces trois guitares
Qui jouent à l'unisson
A chaque quai de gare
Chante le vagabond
Nomad'Café
Ça m'fait du mal de vous quitter
Marseille, cette ville
Qui me colle à la peau
Images qui défilent
Qui écrèment mes mots
Des mots que je respire
Et qui me font du bien
Un seul mot pour vous dire
Une seule poignée de main
Tissu oriental
Scintille des bougies
Qu'apparaît des étoiles
Simplicité aussi
Comme c'est beau c'que vous faites
Je viens de retrouver
Un p'tit air dans ma tête
Que j'avais oublié
Nomad'Café
Ça m'fait du mal de vous quitter
Dans ce train qui m'emmène
Je vous écris déjà
Je resterai le même
Surtout ne changez pas
Comme Dumbo dans les nuages
Comme la sagesse du fou
Quand je perdrais courage
Je penserai à vous
Nomad'Café
Ça m'fait du bien pour exister
Parc'qu'il vivait comme il vivait
Parc'qu'il aimait ceux qu'on n'aime pas
Parc'qu'il parlait comme il parlait
Quand tous les autres ne parlaient pas
Parc'qu'il s'habillait comme il s'habillait
Parc'qu'il riait comme on ne rit pas
Parc'qu'il croyait en ce qu'il croyait
Quand tous les autres n'y croyaient pas.
Parc'qu'il se livrait tout cru et sans loi
Parc'que se livrer ça ne se fait pas
Parc'qu'il chantait à pleine voix
Quand tous les autres ne chantaient pas.
Parc'qu'il aimait comme il aimait
Que pour faire l'amour, il n'se cachait pas
La vérité parc'qu'il la criait
Dire la vérité ça ne se dit pas.
Parc'qu'il était comme il était
Etre comme les autres ne l'intéressait pas
Parc'qu'il voulait ce qu'il voulait
Vouloir ce qu'on veux ça ne se veut pas.
Parce qu'il dansait comme il dansait
Et le rythme fou l'ensorcela
Parc'qu'il rêvait comme il rêvait
Rêver comme soi ça n'se rêve pas.
Parc'qu'il pensait comme il pensait
Il pensait tout haut, vous n'y pensez pas ?
Au nom d'la loi parc'qu'il contestait
Dans une petite cage on l'emprisonna.
Le corps prisonnier, l'esprit s'évadait
Un petit garçon qui passait par là
Un tout p'tit garçon tout comme il était
Recueillit l'esprit et l'apprivoisa.
Parc'qu'il vivait comme il vivait
Parc'qu'il aimait ceux qu'on n'aime pas
Parc'qu'il parlait comme il parlait
Quand tous les autres ne parlaient pas
Parc'qu'il vivait comme il vivait
Parc'qu'il aimait ceux qu'on n'aime pas
Parc'qu'il parlait comme il parlait
Quand tous les autres ne parlaient pas
Quand tous les autres ne parlaient pas.
Montreuil, le 29 novembre 1976, à neuf heures moins le quart, une femme de 31 ans se jette du 17 ème étage de la tour où elle loge, elle emporte dans la mort ses deux petits enfants de 4 et 5 ans, tous trois se donnant la main pour le grand voyage vers l'inconnu et la paix. Ils s'appelaient Chantal, Gilles et Véronique.
A travers sa fenêtre, le cœur dans un nuage
Elle regarde un vieil arbre en fleur
Où un oiseau gaieté
Gentiment s'attarde
Comme pour lui réchauffer le cœur
Dis, Pierrot, pourquoi tu pleures
Elle regarde le ciel
Dans le vacarme assourdissant
De la prison des hommes
Elle écoute, malheureuse,
Le cœur des gens
Que l'usine emprisonne
Dis, Pierrot, pourquoi tu pleures
Elle parle avec le ciel
Dans la rude populace
Elle marche les yeux plaqués au sol
Bousculée, enguelée,
Par tous les types seuls
Qui cherchent à acheter le bonheur
Dis, Pierrot, pourquoi tu pleures
Elle contemple le ciel
Sur la peau de celui qu'elle aime
Pose ses mains enfantines
Il dort, sans savoir qu'elle rêve
D'un village perdu
Loin des cris de la ville
Dis, Pierrot, pourquoi tu pleures
Elle se confie au ciel
Fragile comme l'oiseau
Elle vit sans espérance
Tous les gens parlent trop
Son cœur est un silence
Dis, Pierrot, pourquoi tu pleures
Une maison cache le ciel
Un corps tout disloqué
Saigne sur le pavé
Des passants apeurés
Se signent pour prier
Pierrot, pourquoi tu chantes
Dis, Pierrot, pourquoi tu chantes.
Pierrot, pourquoi tu chantes
Dis, Pierrot, pourquoi tu chantes.
Pierrot, pourquoi tu chantes.
Jean-Marc LE BIHAN Paroles - 5 -
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