Plaisanterie

Dans les usines, les grandes écoles,
Les gens attrapent la pécole,
Les petits enfants sont battus,
Les petits oiseaux on les tue.

Les intellects bourrés d'orgueil,
Se moquent de l'automne et des feuilles,
Ils préfèrent les grands dictionnaires
Les grands calculs et la grammaire.

Les couillons de politiciens,
Du printemps ils s'en foutent bien.
Leur poésie est nucléaire,
Leurs cerveaux sont pleins de trous d'air.

Les psychologues, les chirurgiens,
Les psychiatres et les médecins
Font de leur vie une maladie,
Ils sont plus fous que la folie.

Les architectes créent du moderne,
Nous n' sommes plus au temps des cavernes,
Grosses H.L.M., grosses cités.
Toute la terre est bétonnée.

Comme dirait l'ami La Palice
II faut payer même quand tu pisses,
Sur la terre l'argent a tous les droits
Bientôt nous serons tous des rois.

La vie sera un grand confort,
Les prolos gagneront de l'or,
Dans de grosses voitures atomiques,
Ils visiteront l'Amérique.

Pourtant les gens sont malheureux,
Car le ciel est plus gris que bleu.
Impôts, boulot, métro, dodo
Souvent la vie est un fardeau.

Pauvre de moi, pauvre de nous,
L'humanité est un grand trou.
Cré nom de nom, que faut-il faire
Pour que la joie règne sur Terre ?

Pourtant les gens sont malheureux,
Car le ciel est plus gris que bleu.
Impôts, boulot, métro, dodo
Souvent la vie est un fardeau.

Pauvre de moi, pauvre de nous,
L'humanité est un grand trou.
Cré nom de nom, que faut-il faire
Pour que la joie règne sur Terre ?

Ne plus vivre égoïstement,
Aimer le vent plus que l'argent
Foutre notre orgueil au couvent,
Libérer les petits enfants. (bis)

Que faut-il te dire

Les flics enferment avec la loi,
Les prisonniers font les hauts murs
Pendant que chantent les bourgeois
L'hiver s'annonce encore plus dur.
Dans des taudis restent les vieux
Emmitouflés dans un manteau
Ils se finissent devant le feu
Ils restent vieux avec leur peau.

Que faut-il te dire pour que tu comprennes
Pourquoi je t'aime ?

La vie est un champ de misère
Plus le temps passe, plus on détruit
Les hommes ont pollué la Terre
L'argent les pousse à la folie
Tout doit se faire avec violence
Le plus fort ont toujours raison
Plus de place pour l'innocence
Le monde entier est une prison.

Que faut-il te dire pour que tu comprennes
Pourquoi je t'aime ?

Et je regarde la terre entière
Infirme dans sa médiocrité
Là-bas on meurt, ici on crève
Je ne sais plus où regarder
Tes yeux pour moi sont le voyage
Le seul que je puisse espérer
je voudrais bien tourner les pages
Sur ce chapitre d'humanité.

Que faut-il te dire pour que tu comprennes
Pourquoi je t'aime ?

Alors j'enrage, alors j'enrage
Que me reste-t-il pour moi
Sur le noirci de toutes ces pages
Il ne me reste plus rien de toi
Ne peut-on pas m'laisser une ligne
je l'écrirai avec mon coeur
Tiens, j'en connais déjà le titre
Je t'aime éternel bonheur.

Tu n'as pas compris pourquoi je t'aime ?

Regarde-toi

Et les jours passent et les jours vont
La vieille femme en robe sombre
Regarde rire les jeunes gens
Elle va la vie avec le temps. (bis)

Que croyais-tu toi la jolie
Toi la si belle qu'aimais la vie
Que l'on pouvait garder toujours
Tous ses beaux traits désir d'amour. (bis)

Tes courbes fines se sont voilées
Les rides creusent ta beauté
Tes yeux blanchis par la tristesse
Des jours d'ennui longs, sans tendresse
je sais c'est dur quand dans la glace
Ne reste plus de son visage
Qu'une peau lourde comme le temps
Sont durs les jours sans sentiments. (bis)

Pourquoi vas-tu la tête basse
Pour fuir le temps et tes angoisses
Ne peux-tu pas un seul instant
Te regarder bien au dedans. (bis)

Te reste encore de si beaux traits
Là où tu ni regardais jamais
Ecoute ton coeur il bat toujours
Te reste encore un peu d'amour. (bis)

Alors lève-toi, ouvre les yeux
C'est la grande fête le ciel est bleu
C'est la chanson de ton jeune temps
On ne fane jamais au printemps.
Alors pourquoi tu fuis la vie
Alors pourquoi vivre d'ennui
Chasse la mort, regarde-toi
Te reste encore beaucoup de joie.

Rêve

Rêve de te faire l'amour comme si j'avais quinze ans,
Pudiquement velours, étrange sentiment,
Comme un gamin patient, caché sous l'escalier,
Qui attend tout tremblant sa voisine de palier.
La porte vient de s'ouvrir, gamin brûle tes yeux,
Les plus beaux souvenirs sont gravés par le feu,
Elle monte pas à pas, dévoilant ses dessous,
Gamin ne t'endors pas, elle est au rendez-vous.
Rêve...

Rêve de te faire l'amour, soleil et maraudeur,
Tout au fond d'une cour sordide et sans couleur,
Rêver de faire l'amour, comme ça de peur à peur,
Que ma main sans détours mouillera tes pudeurs.
Image sans limite, tu fermeras les yeux,
La folie qui m'incite peignera tes cheveux.
Tu me diras des mots que tu n'as jamais dits,
De la pute au salaud qui jouent la comédie...
Rêve...

Rêve de te faire l'amour, inquiet comme un voleur,
Guettant les bruits autour, tous les bruits d'ascenseur,
Chacun de tes murmures, frissonneront mon corps,
Je te clouerai au mur, j'invoquerai la mort.
A quelques pas de nous, une chatte en chaleur,
Collée à trois matous, criante de bonheur,
Des ombres dans la rue te feront hésiter,
Mouillante, ton refus sera ma liberté.
Rêve...

Rêve de te faire l'amour, par-delà le plaisir,
Dans un très vieux faubourg, impasse des soupirs,
Je serai insolant, brûlerai tes frontières,
Je serai l'Océan et tu seras la Mer...
Je plongerai cent fois et jusqu'à me noyer,
Je plongerai en toi, comme un aventurier,
Loin de toutes les morales, redevenu sauvage,
Baisant jusqu'aux étoiles, comme un vieil animal.
Rêve...

En toi, douce planète, redevenu petit,
Je me ferai poète, tu seras poésie.
Je me ferai caresse, soleillant nos sourires,
Nous ferons la tendresse jusqu'à nous endormir.
Et chacun dans not'rêve, voyageur insoumis,
Ma bouche sur ta sève, rêvant à l'infini,
Sublimant le voyage, loin des hommes et du temps,
N'avoir plus jamais d'âge, blottis comme deux enfants.
Rêve...

Rêve de te faire l'amour comme si j'avais quinze ans,
Pudiquement velours, étrange sentiment,
Comme un gamin patient, caché sous l'escalier,
Qui attend tout tremblant sa voisine de palier.
Rêve...

Rue de l'an 1

Un matin j'ai pris une pioche
Pour me faire un jardin
Rue de l'an I
Mais hélas ma pauvre pioche
S'est cassée sur le goudron
Je me suis posé des questions
S'est cassée sur le goudron
Ze me suis posé des questions

Depuis vingt ans
Que je ne piochais plus
Je n'avais pas fait attention
Que la terre n'existait plus
Que tout était béton
Que tout était pognon

Alors j'suis allé voir m'sieur l'Maire
Pour expliquer mon cas
Il m'a dit qu'il n'y avait plus de terre
Que tout était carrelage
Maintenant ajouta-t-il
Si vous voulez un arbre
Allez voir chez un grossiste
On vend des arbres en plastique
Tic tic tic tic tic tactique
Tic tic tic tic tic plastique

Alors j'ai jeté ma pioche
Ne servant à rien
Et j'ai acheté un tube de colle
Pour planter mon bien
Mon arbre est vert
Même en hiver
Vert, c'est triste
Rue de l'an I
Mon arbre est vert
Même en hiver
Vert, mais triste
Rue de l'an I

 

Si tu veux regarder

Si tu veux regarder l'enfant quand il sourit
Et le vieillard blessé qui va finir sa vie
Tu comprendras mon frère pourquoi je ne peux pas
M'en aller à la guerre pour jouer au soldat
Si tu veux écouter l'appel du bonheur
Et l'oiseau merveilleux qui fait battre les cœurs
Tu comprendras mon frère que ce n'est pas la peur
Qui m'empêche de mettre l'uniforme des chasseurs
Et si un jour tu rencontres un mendiant
Partage sa misère, aide le un moment
Tu comprendras mon frère pourquoi je ne crois pas
Au richesses précaires qu'amassent tous nos rois
Tu vomiras ami, l'orgueil des présidents
Qui au nom d'un pays massacrent les innocents
Et si tu vois mon frère les yeux du condamné
Celui que pour leur plaire tu devras fusiller
Tu tourneras mon gars le bout de ton fusil
Vers ceux qui se font joie en tuant les petits
Et si tu sais mon frère contempler l'océan
Qui agrippe la terre, qui fait l'amour au vent
Tu gueuleras de rage contre les hommes fous
Qui bétonnent les plages pour gagner quelques sous
Si tu vois le soleil se coucher sur l'étang
Le visage de la vieille qui caresse l'enfant
Tu jetteras ami ton casque et ton épée
Pour parcourir la terre heureux et sans souliers
Si tu sais faire vibrer la fille que tu touches
Boire le doux baiser qui dort sur sa bouche
Ton uniforme ami tu le déchireras
Pour enfanter la vie dans le creux de ses bras
Et puis quand viendra l'heure de t'en aller plus loin
Comme on cueille une fleur la mort prendra ta main
Elle posera sa bouche sous ton oreiller
Tu sais quand elle te touche tu deviens nouveau-né

Si vous croyez

Si vous croyez que j'vais me taire
Dire au Bon Dieu qu'j'aime pas l'enfer
Au Diable j'n'aime pas l'Paradis
Vous vous trompez mes chers amis
Je ne chante pas pour vous plaire
J'chante pas non plus pour vous déplaire
Je chante au cri de mes passions
J'suis un champ de blé sans moisson
Je suis la goutte d'eau
Qui fait déborder le verre
Je suis source ou ruisseau
Qu'à l'endroit j'suis à l'envers
 
Si j'suis tombé le cul par terre
Ce n'est pas de la faute à Voltaire
Si j'suis tombé le cul dans l'eau
Ce n'est pas de la faute à Rousseau
D'ailleurs c'est d'la faute à personne
C'est vrai la vie n'est pas toute bonne
Mais si c'est d'la faute à quelqu'un
J'vous jure j'm'en souviens plus très bien
 
Je suis un oiseau sans cage
Une tendresse sans caresse
La vie se tourne page à page
J'ai perdu mon carnet d'adresses
Je prie debout pas un jour
Chante aux étoiles mon amour fou
Je pleure à inonder la nuit
Mais si je pleure ce que je suis
Chante comme un Halleluia
Pour ceux d'en haut, pour ceux d'en bas
Ecrire ça c'est mon blues à moi
Je n'possède rien mais j'ai de la voix
Je ne suis pas un port
Je suis une passerelle
Qu'elle soit ange ou démon
Ne priez pas pour elle
Mon enfant si tu savais
Mais le temps n'est pas au regret
O mes amours j'vous aime encore
Dans mon bonheur y a de la douleur
Je rêve de neiges éternelles
D'une edelweiss dans nos poubelles
Du rire d'un grand alligator
D'une île vierge sans trésor
Je suis l'été qui rêve d'hiver
Une Arletty sans atmosphère
Un journaliste sans fait divers
Une galaxie sans la terre
 
Si j'suis tombé le cul par terre
Ce n'est pas de la faute à Voltaire
Si j'suis tombé le cul dans l'eau
Ce n'est pas de la faute à Rousseau
C'est sûr c'est d'la faute à pas d'chance
Au désespoir à l'espérance
C'est d'la faute à n'importe qui
Ça c'est mon p'tit doigt qui m'l'a dit
 
Un jour j'irai voir la mer
Je me jetterai dans ses eaux
Te souviens-tu ma mère
Quand tu perdais tes eaux
 
Un jour j'irai voir la mer
Je me jetterai dans ses eaux
Te souviens-tu ma mère
Quand tu perdais tes eaux

Silence

L'eau molle avance comme une morte
Rasant les prés, les murs de pierres noires
Elle ne chante plus, elle bougonne
Le ciel avec elle n'a plus rien à voir.

Purin nacré de poissons pourriture
Une odeur de crevé vous prend jusqu'à la moelle
A la contempler on la sent sans nature
C'est un chiotte publique ! et non plus une étoile.

Pour de l'argent les fleuves meurent
Y'a plus de mer, y'a plus de lac
Sur lesquels tranquilles se berçaient des pécheurs
Y'a plus qu' la merde que les gens jettent en vrac!

Et moi je chiale comme un pauvre type
Sur ce corps décomposé que l'on ne connaît plus
Je chiale comme un enfant seul devant un public
Qui rit de me voir triste et qui se trouve beau.

Y'a plus de mer, y'a plus de lac
Y'a plus de choses à contempler
Y'a plus qu' les gens et leurs grimaces
Y'a plus de poète pour rêver
Silence!

Ta vie ne fut pas un voyage

L'odeur d'usine ce n'est pas tendre
C'est comme l'ambiance des cafés
A force de vivre et puis d'attendre
Un bonheur qu'on ne peut s'payer.
On se retrouve devant la glace
Avec la rancoeur du passé
C'est vrai que la vie nous agace
Quand on n'peut plus en profiter.
Le litron vide sur la table
Ce n'est pas pour chanter demain
C'est juste pour partir en balade
Dans les mains froides du destin.
Les repas qu'on prend en silence
C'est pas pour parler au Bon Dieu
C'est juste pour calmer sa violence
Et s'endormir un peu plus vieux.
La vieille qui pleure dans la rue
Ce n'est pas comme au cinéma
Pour de l'argent tu poses ton cul
Tu souffres devant la caméra.
Le mendiant qui pue et qui pisse
C'n'est pas comme tes pantoufles aux pieds
C'est l'amour qui fait la valise
C'est la solitude pour crever.
Et les grands murs d'une prison
C'n'est pas avoir la rose au poing
Ce n'est pas d'la contestation
Ni les grands mots de ton bouquin.
C'est l'image de ta propre peur
De ce que tu ne pourras pas
Tu finiras enfant de chœur
Tu resteras bien dans la loi.
Et ton espoir que l'on enchaîne
Ce n'est pas ta cravate à pois
Ce sont tes larmes, ce sont tes peines
Que tu gardes au profond de toi.
Et la femme qui t'accompagne
Ce n'est pas ton alliance au doigt
C'est du soleil dans ton bagne
Tu n'auras jamais vraiment froid.
Et les yeux tendres de ton enfant
Qui te regarde avec douleur
Et qui méprise ses parents
De ne pas écouter son coeur.
Les habitudes que tu traînes
Pont refroidi jusqu'au profond
C'est un enfant que tu enchaînes
Pour dégueuler tes frustrations.
Un bruit d'usine ce n'est pas tendre
Ce n'est pas " tiens voilà des sous "
C'est ton amour qu'on va te prendre
Tu ne gagneras rien du tout.
Un macchabée mort pour la France
Ça n'veut pas dire avoir raison
C'est le poids de ton inconscience
Qui étouffe tes illusions.
C'est pas d'la musique un réveil
Qui te fait sursauter au lit
C'est chaque matin comme la veille
"Allez à ce soir ma chérie ".
Et tu remontes ta braguette
Comme on va jouer au tiercé
C'est vrai que l'amour c'est très chouette
Quand on le voit à la télé.
Un cri d'usine ce n'est pas tendre
Ce n'est pas " il fait beau ici "
C'est la mort qui va te surprendre
Et ta journée sera finie.
Ta vie ne fut pas un voyage
C'est une erreur à n'pas refaire
C'est un bateau sans équipage
Qui n'aura jamais pris la mer...

Nos vies ne sont pas des voyages
Nos vies ne sont pas des voyages
Nos vies...

Treize ans

13 ans, c'est trop court pour saisir la vie
Les adultes autour font bien trop de bruit
Toi, tu les regardes et déjà déçu
Par ces chiens de garde qui te gardent à vue
13 ans qui s'attristent à devenir grand
Petite gueule d'artiste sensible émouvant
Tu vis au présent, demain tu t'en fous
Tu vas tout tremblant mais vers quel rendez-vous.

13 ans qui cavalent à contre destin
13 ans qui s'emballent, 13 ans lycéen
Pleine adolescence, le temps des copains
Amours de vacances et premier chagrin
13 ans, c'est pas lerche pour crier son coeur
Les mots que tu cherches leur feraient trop peur
Alors tu résistes, tu cries ton prénom
Tout seul sur la piste tu te donnes à fond

13 ans, ça fait peur aux parents assis
13 ans, tout en fleurs, 13 ans tout en gris
L'été et l'hiver, le soleil, la pluie
L'endroit et l'envers, tu t'ouvres à la vie
13 ans qui frissonnent, petit vagabond
13 ans qui s'étonnent, 13 ans qui s'en vont
La vie, tu la serres et malgré tes peurs
Tu as tout à faire, ne compte pas les heures.

13 ans laisse dire s'ils parlent de toi
Tu as tout à dire. Eux sont déjà froids
Les mots dans leur bouche s'enterrent avec eux
Tu les effarouches, ils sont déjà vieux.

13 ans que tu portes serrés sur ton coeur
Tu frappes à la porte des rires et des pleurs
13 ans qui voyagent à contre courant
Ne perds pas courage d'où viennent les vents !

13 ans, tu sublimes les choses de la vie
Avec ou sans rimes, tu es poésie
13 ans en plein phare ne te fies pas à nous
Avec ton histoire tu as rendez-vous.

13 ans, c'est si court pour saisir la vie
Les adultes autour font bien trop de bruit
Treize en cavale 13 ans serres les bien
13 ans plein d'étoiles 13 ans c'est les tiens

13 ans en cavale 13 ans serres les bien
13 ans plein d'étoiles 13 ans c'est les tiens.
13 ans en cavale 13 ans serres les bien
13 ans plein d'étoiles 13 ans c'est les tiens.

Vieillesse.

Devant la cheminée une pauvre grand-mère
Rêves les yeux fermés sur la vie de naguère,
Sur son châle de laine, vieilli par la poussière,
Le temps marque la peine d'être trop sur terre

Dans ses yeux fatigués étincelle un diamant,
Un diamant de pitié pour ceux qui ont vingt ans.
Ses mains dans un sanglot vont ranimer le feu.
On n'a jamais trop chaud lorsque l'on vit trop vieux.

La vieille n'a plus peur des bruits sous la toiture.
Le silence en son coeur est sa dernière torture.
Le chapelet de bois entre ses doigts jaunis
Sait que Dieu ne sait pas où s'arrête la vie.

Sur les vitres gelées vient sangloter le vent ,
Un chat dort sur ses pieds, fragile comme un enfant,
Une perle dorée vient se briser le dos
Sur ses lèvres séchées qui parlent sans un mot.

Devant la cheminée une pauvre grand-mère
Pleure les yeux fermés sur la vie de naguère.
Le vent crie au jardin, le jour baisse les yeux
Un chat plan de chagrin se jette dans le feu.

 

Vivre

Ton père se meurt, petit salaire,
Et ta mère trime encore sa vie
II fait si froid dans leur hiver
Ils sont tous seuls dans leur vieux lit. 
Je ne sais plus, tu sais, mon frère,
Qui a raison ou qui a tort.
Le paradis c'est comme l'enfer
Chacun sa vie, chacun sa mort.
Y'a les minets et les minettes,
Y'a les babas qui n'sont plus cool,
Y'a l'alcool et les cigarettes,
Le monde entier qui se défoule.
Chacun s'arrange avec son fric,
On bavera devant l'idole,
Y'a la carotte et y'a la trique
Et puis tous ceux qui ont pas eu d'bol.

Vivre...

Je t'attendais, mon camarade,
Sur le chemin de nos combats,
J'étais seul sur ma barricade,
Toi, tu étais au chaud chez toi.
On se détruit, on s'appauvrit,
J'ai mal aux tripes et ça fait mal
Je ne veux plus rester ici
A déblatérer pour cent balles.
Et que tous ceux, les bras, les fiers,
Me jettent la pierre et me lapident.
Tous ces mecs qui sont nés d'hier
Et qui se prennent pour aujourd'hui.
Et lorsque mes chansons me crient
Le chemin des désespérés
Je me dis qu'ils n'ont rien compris
Ceux qui n'ont fait que m'écouter.

Vivre...

Mon coeur se meurt en Palestine
Sur le chemin des écoliers,
Tous les enfants qu'on assassine
Au nom de fausses vérités.
Je crie, je crie dans mon désert
Des mots d'amour, des mots pour rien.
Toi, tu t'inventes des galères
Quand ta nana baise pas bien.
Pourtant tu manques de tendresse,
Tu marches au pas de gauche à droite;
Tu lances parfois des S.O.S.,
Quand tu sens ta vie trop étroite.
Alors tu maquilles tes peines
Tu t'inventes des libertés
Et de plus en plus tu t'enchaînes
Tu t'habitues, tu t'laisses aller.

Vivre...

Voici l'orage et les éclairs
Voici l'homme avec ses questions.
De mort en mort, de guerre en guerre
On tourne en rond, on tourne en rond.
Nous avons commis tant de crimes
Au nom du mal, au nom du bien,
Je n'aurais pas assez de rimes
Pour faire rimer les assassins.
Tu fermes les yeux pour oublier
Que malgré tes informations
Tu préfères ne plus y penser
Car tu n'as pas de solution,
Alors tu bouffes ton hamburger,
Demain tu peux crever de faim
Et de vacances en sports d'hiver
Tu te dis : "Je n'y suis pour rien..."

Vivre...

Ca fait dix mille ans que ça dure
Les adultes font chier la vie
Au ciel béni de nos ordures
Chacun se forge un alibi
Et nous vivons sans le verbe être
Dans la grisaille de nos faubourg
Nous avons fermé nos fenêtres
Qu'avons nous fait de nos amours?
Je suis comme toi sans illusion,
Même force, même faiblesse,
Je voudrais finir ma chanson
Avec des mots plein de tendresse,
De simples mots pour te faire signe.
Si les chiens mordent quand on les blesse
Les hommes se taisent et se résignent
A leur bonheur, à leur détresse.

Vivre...

What is look

De baise en baise en gainsbourgeoise,
On éjacule comme des boucs
Et tous les trous du cul pavoisent
Au « My Taylor », au « What is look »
Tout est permis fin de semaine
On est aussi seul au matin
On spermatoïze nos peines
On n'a pas le courage des putains
Et les canailles s'encanaillent
Autant de salopes que de salauds
La vie se joue à courte paille
Nos cerveaux sont comme nos boyaux
Et les gens qui font des prières
Ils sont aussi lâches que moi
Quand je noie mon cœur dans la bière
En sachant que j'me noierai pas
Je veux être un extra-terrestre
Mes frères humains n'ont rien d'extra
Ils conjuguent le verbe paraître
Les pique-assiettes sont toujours là
Si j'vous aime, c'est par politesse
A peine aimé, déjà tué
Moi qui voulait de la tendresse
On m'a dit va te faire, va te faire enculer
Ils sont teigneux les supporters
Vas-y petot marque ton but
A toi l'effort, à moi la bière
Les cocoricos sont en rut
On tire son coup une fois la semaine
Y a des enfants tant pis pour eux
Car les baballes du capitaine
Se vident plus vite que le vin vieux
Y a des bronzés qu'ont des bronzes
Les pas bronzés qu'ont le pet bronzé
C'est aussi dur d'couler un bronze
Que d'libérer un constipé
On vit sa vie à toute vitesse
Car le week-end est vite passé
Y a les tire-cons, y a les tire-fesses
Les amoureux du va te faire chier
On dit que mes copains libertaires
Mangeaient le pain de l'amitié
L'anarchie avec son derrière
Mais où c'est qu'j'ai mis mes papiers
On est tous dieux, on est tous frères
En soixante huit ils criaient « Sartre »
De puis qu'ils sont au ministère
Ils chopent la tontonmania
Je ne veux pas retourner ma blouse
Je laisse faire ceux qui savent faire
Où j't'aimais bien chanteur de blues
Quand tu avais le cœur en l'air
Aujourd'hui «My taylor is look»
Histoire de fric, histoires de fesses
On éjacule comme des boucs
C'est le trente six quinze pour la tendresse
Je ne veux pas retourner ma blouse
Je laisse faire ceux qui savent faire
Où j't'aimais bien chanteur de blues
Quand tu avais le cœur en l'air
Aujourd'hui my Taylor is look
La frime made in ordinateur
On éjacule comme des boucs
Et l'on se prend pour des seigneurs

Willi chantait

Willi chantait et j'avais dans les yeux des perles
D'espérance toutes mouillées de tendresse.
Ils étaient tous là tendres et révoltés,
Avec le vin de l'amitié qui nous aidait à haïre la vie.
Pourquoi cette émotion qui vient de mon ventre
Et qui meurt sur ta bouche.

Oh comme je voudrais que ces jeux interdits
Deviennent pour nous la conscience de nos âmes,
Le silence de nos armes.
Par delà les frontières il y a nos différences,
Nos patiences et nos intolérances,
Nous sommes tous pendus au firmament de l'univers.

Willi chantait, nous étions tous et toutes réunis.
Comme la nuit qui veillait, j'avais les larmes au yeux,
J'aurais voulu finir à cette seconde toutes nos luttes
Inhumaines, je cherchais ta main, tes yeux,
Et je pensais à nos enfants qui dormaient.

Willi chantait et je voyais la terre entière,
Toute la terre, avec ma petite vie errante,
Perdu en ce siècle, pourquoi ce siècle ?
Je me laissais aller à la beauté des mots
Et à ma solitude.

Peut-être un jour ! Je dis peut-être.
Peu importe le jour, nos combats cesseront pour toujours.
La terre entière en émotion chantera la liberté,
Toutes nos armes rouillées s'éteindront pour toujours.
Peut-être un jour, je dis peut-être ?

Un jour d'intelligence.

Jean-Marc
de François-Marie Gérard

Il n'est que peu de rues que tu n'aies rencontrées
Qui n'ait vu ton sourire et caressé tes pieds
Il n'est que peu de visages qui n'ait entendu ta voix
Qui n'ait pénétré ton cœur sans en avoir plus chaud
Il n'est pas de regard que le tien n'ait croisé
Sans se sentir vidé jusqu'au fond de la moelle
Mais le vent qui pénètre dans ton cœur déserté
Oh que tu le voudrais plus doux et plus tendre

A travers nos misères tu promènes tes vides
Qui viennent nous parler au creux de nos cuirasses
Il faut dire que parfois tu te demandes encore
Si c'est toi ou bien nous qui sommes les plus fous
Alors tu continues mais tu fermes les yeux
Il fait plus beau là-bas derrière tes volets
Mais il arrive toujours un moment où il te faut
Les ouvrir bien grands et voir notre vie

Et j'aurai beau te dire qu'on aurait pu être frères
Qu'est-ce que cela changerait j'aurais tout aussi peur
Mais peut-être que toi ça te ferait bien croire
Qu'il y a quelque part un dieu qui pardonne
Mais en attendant je t'ai vu l'autre jour
Dans le froid dans le vent devant notre ignorance
Et je suis oui je sais qu'en cet instant même
Parce que c'est ta vie oui je sais que tu chantes
Tu chantes (bis)

Jean-Marc
Michel LACOMBE (écrivain)

Celui qui le critique, va toujours l'habillant
D'Anarchie, de révolte, et de rimes en 'R"
Mais vous le connaissez: il s'appelle Le Bihan
Il sait chanter l'amour, mais sans en avoir l'air…

Il soit tailler la vie à grands coups de silex,
Chanter l'amour, la haine, et les beaux sentiments,
Le paradis sans Dieu, et l'amour sans le sexe,
L'extase du bon Dieu et l'Enfer sans tourments…

La gueule iconoclaste, le verbe impertinent,
Avec au bout de rien, le mot fou qui défrise,
L'humanisme à fleur d'âme, la vie à fleur de dent,
La fleur dans le goudron, et la glace qu'on brise…

Il va au fil du temps, jusqu'au bout de nos rêves
Au bout de nos folies, au bout de nos chimères,
Et il chante à tue-tête, ce dont le peuple crève.
Pour que le monde en pleure, de ses larmes amères…

Et il chante l'espoir, les mots les plus précieux.
Avec l'homme et la femme, avec la femme et l'homme,
Il chante face au ciel, il chante face au cieux
Il chante dans les rues : la poésie le gomme !

Mais ce qu'il dit p'tit gars, ça laisse à réfléchir,
Au fond du corps, au fond du cœur, au fond des tripes,
Ça remue comme un fer, et ça te fait fléchir,
Ce sont des vers de rien, ce sont des vers de fripes,

C'est d'un timbre cassé, un timbre de bistrot,
De vers et en refrains, et en chansons de rues,
Qu'il va se rebellant, quand il vous les cass'trop,
Car c'est sur le pavé qu'il peut vous parler cru !... (bis)

L'homme en habit noir
de Marie Germaine FERRARIS (24 juin 2004)
à Jean Mare LE BIHAN

La voix cassée et rauque venue de l ' intérieur,
Habille l'auteur des mots distillés par le coeur,
Et cette vie qu ' il chante, qu ' il raconte ou qu'il gueule,
C'est son passé qu ' il traîne comm' pour être moins seul.
Haranguant les passants, libérant son vécu,
Accrochant le quotidien aux frasques de la rue,
L'homme en habit noir, hors du temps, s'accorde des pauses,
Et comme il n'est jamais loin d'un bar où il cause,
II va refaire le monde, visant une galaxie,
Pour son humanité qu'il voit rouge en parti !...
Mais...devant le vert bouteille, il boit les paroles
De ses amis différents autour du mêm' envol
Qu'il poursuit. Il parle de Jaurès, de Jésus,
Dont il connaît l'histoire comm' un chef de tribu !
Etrange personnage en quête de justice,
Jamais blessant, respectueux sans artifice.
II avance, délaissant parfois la rue pour la scène
Où il chante la vie avec force mais sans haine,
L'émotion contenue dans les textes qu'il écrit
A le reflet des larmes dans sa barbe...à l'abri.

L'homme en noir, pour la première fois baissait la tête,
En perdant une bataille, il battait en retraite
Blessé, comm' dans «le cœur des gens » accablé
Par un coup brutal. Il fuyait le dos courbé
Sous la tempête des maux croisés, fauché soudain.
Pourtant, comm' ce volcan que l'on croyait éteint,
L'homme assommé et ronflant sous la cendre, se réveille,
Jurant par tous les saints et les« bon-Dieu » du ciel,
Vitupérant, dénonçant la conn'rie des hommes
Qu'il imagine au fond des ruines de Babylone.
L'homme combattant se dresse, piétine son amertume,
Et retrouve son sanctuaire sur le quai des brumes.
Ami, amant, il aime, souffre, et puis s'abandonne
Sur des lits de passage comm' le font tous les hommes
Sans s'attarder, à chercher encore et toujours
Ces lieux où l'on croise les plus belles histoires d'amour,
Choisissant au hasard ces chapelles romanes,
Là, où l'art et Dieu sont entourés par des femmes.

L'homme en habit noir rêve...Son étoile est lointaine,
Marcher encore, éviter le chant des sirènes,
Et se poser parfois sur des sens interdits,
Mais toujours avancer jusqu'au bout de la vie

Le "Cœur des gens"
de Pierre et Vincent GUIGUE

Sur la plac' Colbert
Y a des platan's verts.
Été comme hiver,
C'est toujours le printemps
Car au "Cœur des gens",
La vie sent bon les rêves d'enfant.

Là, devant le bouge
Y a un' femme en rouge
Qui danse et qui bouge
Comme un' flamm' de vingt ans
Les ch'veux couleurs du vent
Quand le vent s'en revient du Levant !

Le "Coeur des gens"
C'est l' nom charmant
D'un p'tit bistro
Niché en haut
De la Croix Rousse
P'tit' fleur qui pousse
Au milieu d' Lyon!

Le "Coeur des gens"
C'est égal'ment
Le nom d'un po-
-ème très beau
Offert à tous
Chanson qu'on pousse
Sur le béton !

Sur la plac' Colbert
Y a des platan's verts
Vas-y boire un verre
Ou just' passer l' temps
Car au "Coeur des gens"
La vie sent bon la vie, simplement.

Là, devant le bar
Y a une guitare
Qui chante et qui char-
-me tous les passants
Qui repart'nt contents
Avec un p'tit air entre les dents...

Le 'Coeur des gens"
C'est l' nom charmant
D'un p'tit bistro
Niché en haut
De la Croix Rousse
P'tit' fleur qui pousse
Au milieu d' Lyon!

Le "Coeur desGens"
C'est égal'ment
Le nom d'un po-
-ème très beau
Offert à tous
Chanson qu'on pousse
Sur le béton!

Sur la plac' Colbert
Y a des platan's verts.

Clin d'oreille en passant
A Jean-Marc Le Bihan,
Evidemment !

 

"LE BIHAN"
Texte et composition Christian Pierredon

Grande moustache et barbichette noire
Tu es peut-être le dernier mousquetaire
Qui s'en va faire le tour de la terre
Pour crier (trouver) les mots de ton désespoir

Le Bihan, quand on fera le bilan de ta vie
Tu l'emporteras sûr au paradis

Tu partages (nous racontes) chacune de tes colères
Tu remets en place nos belles idées
Tu réponds à nos pourquoi essentiels
En s(t)'approchant près de la vérité

Le Bihan, quand on fera le bilan de ta vie
Tu l'emporteras sûr au paradis

Tu (n')est le militant d'aucun parti
Ou simplement (bien alors) de |'amour et la vie
Quand on se retrouve désemparé
Tu nous donnes une raison d'exister

Le Bihan, quand on fera le bilan de ta vie
Tu l'emporteras sûr au paradis

Fais gaffe à toi quand tu cries dans la rue
Quand tu combats contre des inconnus
Ces têtes grises au goût un peu amer
Ne comprennent pas toujours ta (tes) colère(s)

Tu crèveras peut-être la gueule ouverte
Pour une vérité de plus ou de trop
Tu t'en iras sur ton île déserte
Je porterai des fleurs sur ton tombeau

Le Bihan, quand on fera le bilan de ta vie
Tu l'emporteras sûr au paradis

Dans la mémoire de ceux qui t'ont connu
Il restera un souvenir de plus
Comme un message (une étoile) une douce lumière
Qui brillera tout au (jusqu'au) fond des chaumières

Le Bihan, quand on fera le bilan de ta vie
Tu l'emporteras sûr au paradis

 


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Jean-Marc LE BIHAN

Paroles - 6 -